Le matin même, je n'envisageais pas d'assister au Sarkozy TV-show(vain).
Difficile ce soir-là de résister à l'appel de ce «nouveau concept» d'émission,
ne serait-ce que pour pouvoir échanger avec mes amis, autant dire «critiquer».
Ma critique sera de l'ordre du ressenti par rapport à la forme
de l'émission.
Certes sobre.
Ni coups d'éclat. Ni coup d'état.
Quant au débat de fond, j'invite chacun à consulter les spécialistes
du décorticage politique.
La façon dont a été organisé ce débat m'interpelle.
Pourquoi avoir choisi… heu… favorisé TF1 ?
Pourquoi pas une chaîne publique ?? plus légitime pour une
apparition présidentielle.
Pourquoi avoir sélectionné des personnes ayant déjà fait
l'objet de reportages (sur TF1 encore) ?
J'ai ma petite idée mais comme j'ai décidé de rester zen.
Et la «nouveauté» dans tout ça ?
Sans doute la
présence de Jean-Pierre PERNAUT l'irréductible globe-trotter de nos régions
pour le compte de TF1 (encore).
Un plateau sobre, un invité de (grandes!) marque(s) passé sur le
grill d'une poignée de (pauv')con-citoyens.
Le panel des citoyens était-il représentatif de la population Française ?
Oui, d'une certaine France, constituée de producteurs laitiers,
d'infirmières, de jeunes diplômés sans boulot, de jeunes retraités sans revenus,
d'ouvrier syndiqués, d'éducateurs, d'entrepreneurs,… Quelle que soit la CSP,
tous enfants de la patrie ayant en commun une mère, celle de tous les
maux : la crise.
Vous êtes-vous reconnus parmi ces onze hommes et femmes en
colère ?
«Onze» c'est bon pour courir derrière un ballon, mais trop peu pour nous
représenter tous.
Nicolas Sarkozy a présidé ce petit comité, comme on assiste
impuissant à l'agonie de certains peuples à travers la fenêtre de nos écrans.
Calme. Compassionnel. Avec une bonne foi inerte.
Puis embarqué dans des face-à-face surréalistes.
En
effet, impossible de perdre de vue la distance économique et le fossé social entre N. Sarkozy et ses interlocuteurs. Il nous l'a
d'ailleurs rappelé lui-même : "je ne prends pas le métro, je ne fais
pas les courses..."
Et il n'est pas au chômage... enfin... pas encore.
Pour le plus haut fonctionnaire de l'état, que signifie :
- un an sans prendre de salaires ?
- 400 €/mois pour assurer le quotidien d'une personne ?
- 3000 €/mois pour économiquement sécuriser une famille de 4 personnes ?
Il gagne bien moins qu'un patron du CAC, néanmoins il laboure les dossiers dans
un champ prénommé Élysée, et vit dans une maison qualifiée de Palais… pas de quoi devenir
camarade syndiqué !
Ce soir, une fois de plus la messe est dite. Il ne reste plus qu'à prier :
«Notre père, qui êtes odieux, pourvu
que ça ne dure pas ».
Je salue cordialement ces onze combattants du quotidien, insatisfaits mais
dignes.
Allons z'enfants de la patrie, le jour de gloire n'est pas
encore arrivé !
"La France n'est jamais aussi prête au sursaut que lorsqu'on la croit sur le déclin" (Nicola Sarkozy)